Lâcher-prise

Lâcher-prise et conscience du risque

La question du lâcher-prise se heurte aujourd’hui aux inquiétudes des salariés et des dirigeants. Un constat qui émane des demandes de nos clients, soumis au paradoxe de devoir garantir la sécurité au travail, le respect des gestes barrières, l’accompagnement de l’angoisse de la contamination au COVID-19, et d’accueillir le besoin énoncé des professionnels quant à la nécessité qu’ils éprouvent de faire « baisser la pression » dans leur retour au travail. Cette « pression » qu’ils désignent, nous l’avons constaté dans nos interventions, n’est pas univoque. Elle désigne à la fois la charge de travail ou a contrario la baisse d’activité, le spectre d’une activité économique en berne, le respect des consignes de sécurité mis en place dans les entreprises (port du masque, sens de circulation, distances sociales, etc.), et le besoin de retrouver une vie « normale », et de faire baisser le stress qui s’accumule.

Le lâcher-prise, qu’est ce que c’est ?

Une expression du sens commun mais qui désigne une réalité et surtout nous informe sur un contexte. Le lâcher-prise pourrait se résumer à la nécessité d’accepter une situation, sans nécessairement y résister. Il ne s’agit pas de nier un problème , mais d’accepter qu’il existe, qu’on ne peut pas nécessairement agir dessus, et qu’il n’est pas opportun de tenter de le résoudre  car nous ne disposons pas, à ce moment là, des moyens pour y parvenir. Une réalité, une difficulté à intégrer dans notre existence sans qu’elle y occupe toute la place.

La solution à un problème n’apparaît jamais dans un esprit encombré.

Mais comme nous l’avons souligné, le besoin de lâcher-prise est un indicateur de situation. Il apparaît quand les individus entrent dans une période de saturation, de fatigue psychologique, d’usure, tout autant que d’inquiétude, de stress, d’anxiété, d’incapacité ou d’impuissance. Cette accumulation est aujourd’hui protéiforme, et fortement dépendante de la personnalité des individus. Si l’on est déjà sensible au stress, la période que nous avons traversée et qui nous a soumis au confinement, à la profusion d’informations inquiétantes et parfois paradoxales, aux nouvelles formes de travail (télétravail), à la baisse d’activité ou au contraire à une tension dans l’activité,  à l’isolement affectif, à la superposition des univers sociaux (vie professionnelle/vie personnelle), a généré une anxiété forte. Même pour les plus résistants d’entre nous, cette période inédite a laissé des traces.

La bonne posture managériale serait donc d’évaluer exactement quelles ont été les conséquences psychosociales de ces 3 derniers mois, et comment elles s’ajoutent aujourd’hui avec les dispositions en entreprises.

La conscience du risque

Lâcher-prise ne signifie pas développer une sorte de défiance au risque, voire une inconscience quant à ses conséquences. On ne peut prétendre aujourd’hui avoir entamé un retour à la normale. Certes les régions « sont passées au vert », mais rappelons-nous qu’un état d’urgence sanitaire a été déclaré en France le 23 mars 2020, et qu’il ne devrait prendre fin que le 10 juillet. La norme s’est déplacée. Nous avons tous des bouteilles de gel hydroalcoolique sur nos bureaux, des masques dans nos voitures, dans nos sacs, nous ne nous serrons plus la main, et des flèches au sol nous rappellent comment nous déplacer dans l’entreprise. La question n’est pas d’imaginer à quel terme tout cela disparaîtra (certains pensent d’ailleurs que ces pratiques vont s’installer), mais plutôt à quoi toutes ces nouvelles mesures nous renvoient ? : A une nécessité de vigilance et de sécurité face au risque, même dans l’expression la plus basique (voire partielle) de ces nouveaux usages. Le risque persiste.

Parvenir au lâcher-prise ne signifie donc pas d’annuler cette conscience du risque, mais davantage de l’intégrer, sans qu’elle se superpose à tous les autres éléments qui seraient à l’origine de notre état de stress.

De la nécessité du lâcher-prise

Ce qui empêche de lâcher-prise, c’est une relation intense et chronique à l’émotion provoquée par la difficulté que nous traversons. Généralement de la peur ou de colère, voire les deux. Or, l’effet pervers de ce mécanisme se situe justement dans le lien étroit qui est entretenu avec la situation qui provoque l’émotion, et qui devient quasiment repérante. Ne pas pouvoir agir sur quelque chose qui nous heurte, nous inquiète, nous attriste, nous met en colère, nous pousse à une pensée invasive qui contamine tous les domaines de notre vie, tout en alimentant l’émotion ressentie. Un véritable cercle vicieux. Evidemment, ce cercle vicieux va consumer notre énergie, nous empêcher de savourer les dimensions positives de notre vie, menacer la qualité des relations que nous entretenons avec notre environnement, voire œuvrer sournoisement à sa détérioration, et augmenter tous les symptômes du mal-être.

Lâcher-prise, c’est aussi accepter de ne pas tout maîtriser. Accepter que les situations ne se règlent pas nécessairement au moment où nous le voulons et selon les formes que nous désirons, voire que nous n’avons aucune capacité à les faire évoluer. Une forme de résistance à la frustration.

Nous l’avons évoqué, la personnalité de chacun va faciliter, ou contrarier, le processus. Car il s’agit bien de processus. Une succession d’étapes qui vont finalement œuvrer à la croissance de la confiance en soi et nous permettre de nous détacher de ce qui encombre négativement notre esprit et nous empêche d’avancer. Estime de soi, confiance en soi, affirmation de soi : le trio magique ! Et comme tout autre habileté (certains parleraient de compétence), le lâcher-prise se travaille, jusqu’à s’intégrer à notre façon de penser et d’agir.

Une actualité managériale

Comment encourager le lâcher-prise dans la pratique managériale ?

Si vous ne l’avez pas encore fait, faites un état des lieux de vos ressources humaines. Le retour au travail, nous l’avions évoqué dans un précédent article et dans une visio-conférence consacré à ce thème, a dû, ou sera, accompagné d’une information collective de manière à accueillir les collaborateurs de manière un peu rituelle (et si possible gourmande, la convivialité – distanciée – reste un excellent levier ! ). Cette occasion permet de sonder dans quel état d’esprit s’effectue le retour au travail. C’est une première étape qui livre beaucoup d’informations, et permet ensuite d’activer les bonnes orientations (ou rénovations) managériales.

Le besoin de lâcher-prise se devine assez facilement, même lorsqu’il n’est pas énoncé, à celui qui sera attentif aux indicateurs comportementaux et verbaux des collaborateurs. Le dispositif se déploie ensuite à partir de l’inventaire des inquiétudes, de leur typologie, et des modes d’actions dont nous disposons pour les apaiser. Ces modes d’actions sont nombreux et divers, les plus appropriés seront ceux qui sont le plus ajustés à votre situation et à vos enjeux.

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